
Des cartes perforées à GPT-5 : quatre décennies d’intelligence artificielle en une seule carrière
Dans cet épisode du podcast de João C. Sousa, nous avons parlé de quelque chose que je fais rarement d'une seule traite : retracer l'évolution de l'IA à travers une véritable vie professionnelle — de l'IA symbolique des années 1980 et des cartes perforées, à la création d'une entreprise de recherche sémantique à Barcelone, à la levée de fonds dans la Silicon Valley, jusqu'à voir les transformers et ChatGPT changer à nouveau les règles.
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Moments forts de la conversation
1. Un début très catalan : Sabadell, grande famille, deux appartements
J'ai raconté à Joao mon enfance à Sabadell dans un appartement où nous ne pouvions pas tous tenir — donc une partie de la famille vivait dans l'appartement en dessous. Deux grands-mères, une tante, cinq frères et sœurs. On avait l'impression d'une grande maisonnée empilée sur elle-même. Ce genre d'environnement vous rend à l'aise avec les gens, le bruit et l'improvisation — utile plus tard quand on gère des équipes à travers plusieurs pays.
2. Découvrir l'informatique au début des années 80
Mon grand frère m'a dit, « ce truc d'ordinateur pourrait avoir un avenir. » À l'époque, il n'y avait pas d'écrans, pas de claviers — on programmait avec des cartes perforées, on attendait deux jours, et on recevait un listing disant « erreur de syntaxe. » Cette époque impose la précision et le respect de l'informatique.
3. L’IA disparaît dès qu’elle fonctionne
Nous avons parlé d'une propriété amusante de l'IA : dès que quelque chose fonctionne, les gens arrêtent d'appeler ça de l'IA. Dans les années 80, trouver le chemin le plus court, c'était de l'IA. Aujourd'hui, c'est juste Google Maps. Peut-être que dans 10 ans, on dira la même chose de ChatGPT : « ce n'était pas de l'IA — l'IA, c'est ce qu'on a maintenant. »
4. Des services au produit : construire la recherche sémantique
Nous avons commencé comme une société de services aidant les entreprises à améliorer leur recherche, car la recherche par mots-clés ne comprenait pas vraiment la langue. Puis nous avons réalisé que nous pouvions en faire un produit et nous avons construit notre propre recherche sémantique en utilisant la théorie Sens–Texte — c'est la partie que nous avons brevetée.
5. Pourquoi le timing en Espagne a aidé
À la fin des années 90, les grands cabinets de conseil en Espagne étaient occupés avec le bug de l'an 2000 et le passage à l'euro, donc nous avons grandi dans l'espace « moderne » — internet, Java, Oracle — pendant qu'ils réparaient des dates COBOL. Parfois, la croissance, c'est juste être disponible quand les autres sont occupés.
6. Le saut vers la Silicon Valley
Nous avons gagné un concours qui nous a donné un espace au Plug and Play à la Silicon Valley. Soudain, nous étions face à des clients américains, des investisseurs et même des partenaires du Chili et du Japon. Être là-bas débloque des conversations. C'est comme ça que nous avons levé des fonds, puis noué un partenariat avec NTT.
7. Ce que signifie vraiment être CEO
Un de nos membres du conseil m'a dit : « Jordi, tout est de ta faute. » Si les ventes stagnent, si les gens sont mécontents, s'il n'y a pas d'électricité — c'est sur le CEO. Le travail, c'est de faire jouer tout l'orchestre en harmonie, même quand ce sont des cadres américains et une équipe européenne.
8. Vendre et penser encore « j’aurais pu faire mieux »
Nous avons vendu l'entreprise et elle a continué à fonctionner sous une nouvelle direction. Oui, il y a de la fierté — mais aussi cette petite voix de fondateur qui dit « j'aurais pu faire mieux. » C'est normal. Il y a toujours quelqu'un qui l'a fait plus vite ou plus grand. L'essentiel, c'est de construire quelque chose de réel.
9. Les deux tribus de l’IA — et celle qui a gagné
J'ai expliqué à Joao l'ancienne « guerre » entre l'IA symbolique (règles, grammaire, lexiques) et les approches connexionnistes/neuronales (copier le cerveau : beaucoup de neurones, laisser apprendre). Les transformers + le passage à l'échelle d'OpenAI ont fait gagner le côté neuronal si complètement qu'aujourd'hui, quand on dit « IA », on pense surtout à de grands réseaux neuronaux.
10. GPT signifie juste « General Pre-trained Transformer »
Rien de mystique : GPT signifie littéralement General Pre-trained Transformer. C'est la même architecture qui a d'abord fait l'allemand→anglais, mais entraînée sur presque tout.
11. L’énigme du sorcier que GPT-5 a enfin résolue
J'avais une énigme logique de la fac dont je savais qu'elle n'était pas sur internet. GPT-3.5, GPT-4, même 4.5 n'ont pas pu la résoudre. GPT-5 l'a fait — en environ deux minutes. Pour moi, c'était un jalon personnel : on a dépassé le « super autocomplétion » pour entrer dans le raisonnement structuré réel.
12. Que va-t-il arriver au travail de bureau
Je l'ai dit clairement : beaucoup de travail de bureau consiste juste à déplacer de l'information numérique entre des systèmes. C'est exactement ce que l'IA va absorber. C'est inconfortable, mais les humains ont toujours créé de nouveaux métiers une fois les anciens automatisés. Je suis optimiste, même si on ne peut pas encore nommer les nouveaux emplois.





